Pères de l'Eglise, apologistes et autres auteurs chrétiens antiques

Les premières traductions de la Bible

La traduction de la Bible en de nouvelles langues, afin de permettre à tous les hommes de comprendre son message, a toujours été encouragée par l’Eglise. Dans cet article, nous découvrirons les plus anciennes traductions de la Bible.

Traductions de la Bible hébraïque

La Bible hébraïque, qui correspond à notre Ancien Testament, a été écrite presque entièrement en hébreu, la langue parlée par le peuple juif avant l’exil babylonien. La seule exception est le livre de Daniel : le chapitre 1 a été écrit en hébreu, les chapitres 2-7 en araméen et les chapitres 8-12 en hébreu. L’araméen, à l’origine la langue de l’Empire assyrien, puis babylonien, est devenue la lingua franca du Moyen-Orient. L’explication la plus probable est que les passages en araméen ont un message explicitement universel.

Les Targoumim araméens

Après le retour d’exil, les juifs revenus en Palestine parlaient de moins en mois hébreu, mais plutôt araméen. De fait, à l’époque de Jésus, l’hébreu n’était utilisé plus que pour le culte, si bien que seule l’élite religieuse le comprenait bien. Jésus et ses disciples eux-mêmes ne parlaient pas hébreu, mais araméen.

Cette situation a rendu nécessaire la traduction de la Bible hébraïque en araméen, afin de permettre au peuple de la comprendre. Cette traduction, « targoum » en araméen, était effectuée oralement, par un enseignant qui lisait le texte en hébreu, le traduisait et le commentait. Plus qu’une simple traduction, il s’agit donc d’une paraphrase, avec des explications, des exemples et d’autres ajouts inspirés de la tradition.

La mise par écrit des Targoumim était interdite jusqu’à la chute de Jérusalem et la destruction du Temple. Ce n’est qu’après l’exil final de la nation d’Israël que les autorités religieuses juives ont commencé à rédiger des versions écrites de ces traductions-paraphrases. Les plus connus sont le Targoum Onkelos, sur la Torah, et le Targoum Jonathan, sur les prophètes. Certains passages des Targoumim sont deux fois plus longs que le texte original !

Les auteurs du Nouveau Testament se sont servis des Targoumim. Le meilleur exemple est la mention de Jannès et Jambrès, en 2 Timothée 3:8 : ces noms n’apparaissent pas dans la Bible hébraïque, mais il s’agit des noms traditionnels des magiciens du Pharaon, utilisés dans plusieurs Targoumim.

La Septante et les autres traductions grecques

Nous avons déjà écrit un article complet sur la Septante, la traduction grecque de la Bible hébraïque effectuée par la communauté juive alexandrine, à l’époque des Ptolémée (3° Siècle av. J.-C.), afin de donner une portée universelle à son message. Les auteurs du Nouveau Testament et les Pères de l’Eglise se servaient de la Septante.

Trois autres traductions grecques plus récentes (2° Siècle ap. J.-C., soit après la chute de Jérusalem) sont connues : celle d’Aquilas de Sinope, un prosélyte (grec converti au judaïsme), celle de Théodotion, un juif helléniste, et celle de Symmaque, un ébionite (une hérésie judéo-chrétienne). Le Père de l’Eglise Origène a produit les Hexaples, une édition comparée mettant en parallèle la Bible hébraïque, sa transcription grecque, la Septante et ces trois autres traductions grecques.

Les traductions de la Bible chrétienne, Ancien et Nouveau Testament

Le Nouveau Testament a été écrit en grec, la langue vernaculaire du bassin méditerranéen.

Pour l’Ancien Testament, les premiers chrétiens lisaient la Septante. Les plus anciens manuscrits de la Bible chrétienne complète associent la Septante au Nouveau Testament grec original.

Un Evangile araméen ?

Certains spécialistes pensent que l’Evangile de Matthieu a été d’abord écrit en araméen, puis traduit en grec, même si on ne dispose d’aucun manuscrit araméen. Quoi qu’il en soit, un récit araméen (et peut-être hébreu) de la vie de Jésus circulait certainement dans les églises de Palestine avant la chute de Jérusalem.

Les traductions syriaques, jusqu’à la Peschitta

Le syriaque est à l’origine un dialecte araméen, apparu dans la région de Damas et, surtout, dans l’Osroène, une région dont la capitale, Edesse, était un centre chrétien important à partir du début du 3° Siècle. Le christianisme syriaque a joué un rôle très important dans l’essor de la littérature syriaque.

Il y avait également une forte communauté juive à Edesse, qui a traduit la Bible hébraïque en syriaque dès le 2° Siècle.

Vers 170, Tatien le Syrien, un disciple de Justin Martyr, a publié le Diatessaron, une harmonie des quatre Evangiles, qui traduit en syriaque des parties de chacun d’eux, de manière à former un texte unique. Le Diatessaron était la seule version des Evangiles employée par l’Eglise syriaque jusqu’au 5° Siècle.

La plus ancienne traduction syriaque du Nouveau Testament entier, la Vetus syra, est préservée sous la forme de deux manuscrits qui datent du 4° Siècle.

La Bible syriaque la plus connue, la Peschitta, a été traduite au 5° Siècle. Il s’agit de la traduction officielle des diverses églises syriaques, jusqu’à aujourd’hui.

Les traductions latines avant la Vulgate

Plusieurs traductions de la Bible en latin, à partir de la Septante pour l’Ancien Testament et de l’original grec pour le Nouveau Testament, ont été faites dès les premiers siècles de l’ère chrétienne. Les manuscrits existants sont connus sous le nom collectif de Vetus latina (vieux latin). Elles sont tombées en désuétude avec la publication de la Vulgate.

La Vulgate

La traduction latine la plus influente de la Bible, la Vulgate, a été effectuée vers la fin du 4° Siècle, par le Père de l’Eglise Jérôme de Stridon. Contrairement aux traductions précédentes, Jérôme a choisi de traduire l’Ancien Testament à partir du texte original hébreu plutôt que de la Septante. Cet usage a prévalu pour les traductions plus tardives.

Autres traductions

En plus de ces langues particulièrement influentes dans l’Eglise des premiers siècles, on dispose de manuscrits bibliques en copte, arménien, géorgien, guèze (la langue éthiopienne), nubien et gothique, traduits entre le 4° et le 5° Siècle. L’historien de l’Eglise Théodoret de Cyre mentionne également l’existence de traductions en persan, scythe et sarmate, qui sont perdues.

D’autres traductions existaient certainement, notamment dans les langues régionales de l’Empire romain. L’existence d’une Bible en punique est probable.

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