Biblique

Qui sont Jannès et Jambrès, mentionnés dans l’Epître à Timothée ?

La deuxième Epître de Paul à Timothée mentionne deux personnages appelés Jannès et Jambrès. De qui s’agit-il ?

2 Timothée 3:8 dit : « De même que Jannès et Jambrès s’opposèrent à Moïse, de même ces gens s’opposent à la vérité ; ce sont des hommes à l’esprit corrompu, et leur foi ne résiste pas à l’épreuve. » L’Apôtre Paul affirme que ces deux hommes se sont opposés à Moïse et il les compare aux faux enseignants dans l’Eglise, qui s’opposent à la vérité.

Qui sont Jannès et Jambrès ? Curieusement, alors que Paul les associe à Moïse, ces deux noms n’apparaissent pas dans l’Ancien Testament.

La réponse est à chercher dans la tradition rabbinique. En fait, s’ils ne sont pas nommés dans le texte hébraïque, les deux personnages auxquels l’Apôtre fait allusion apparaissent bien dans l’Ancien Testament.

On lit en Exode 7:10-12 : « Moïse et Aaron allèrent auprès de Pharaon, et ils firent ce que l’Éternel avait ordonné. Aaron jeta sa verge devant Pharaon et devant ses serviteurs ; et elle devint un serpent. Mais Pharaon appela des sages et des enchanteurs ; et les magiciens d’Égypte, eux aussi, en firent autant par leurs enchantements. Ils jetèrent tous leurs verges, et elles devinrent des serpents. Et la verge d’Aaron engloutit leurs verges. » Jannès est Jambrès sont les noms donnés par la tradition aux magiciens de Pharaon.

Ces noms sont employés fréquemment dans la littérature hébraïque post-exil et dans les légendes juives de cette époque. Il ne s’agit cependant pas de leurs noms historiques : ils apparaissent pour la première fois plusieurs siècles après l’époque de l’Exode.

Les Targoumim, traductions-paraphrases en araméen de la Bible hébraïque, parlent de Jannès et Jambrès à plusieurs reprises. Le Targoum Pseudo-Jonathan dit notamment en Exode 1:13-16 : « Et les Égyptiens réduisirent les enfants d’Israël en servitude, avec dureté, et ils leur rendirent la vie amère dans un dur travail, dans l’argile et les briques et toutes sortes de travaux dans la campagne, toutes sortes de travaux qu’on leur imposait avec dureté. Or Pharaon dit que tandis qu’il dormait il avait vu dans son songe que tout le pays d’Égypte était posé sur le plateau d’une balance et un agneau, le petit d’une brebis, sur l’autre plateau de la balance et le plateau où se trouvait l’agneau s’abaissait. Aussitôt il envoya quérir tous les magiciens d’Égypte et leur conta son songe. Immédiatement Jannès et Jambrès, chefs des magiciens, ouvrirent la bouche et dirent à Pharaon : Un fils est destiné à naître dans l’assemblée d’Israël par le moyen de qui toute terre d’Égypte est destinée à être dévastée. C’est pourquoi Pharaon, le roi d’Égypte, avisa et dit aux accoucheuses juives – l’une avait pour nom Shiphrah, c’est Jokébéd, et le nom de la seconde était Pu’ah, c’est Miryam, sa fille – il dit : « Quand vous accoucherez les femmes juives, vous surveillerez le siège : si c’est un enfant mâle, vous le mettrez à mort et si c’est une fille, elle pourra vivre. » Les passages en rouge sont des ajouts qui ne figurent pas dans le texte hébreu, inspirés de traditions tardives. En plus de la mention de Jannès et Jambrès, un autre ajout intéressant est que d’après ce Targoum, les sages-femmes des Hébreux sont la mère et la sœur de Moïse.

L’Apôtre Paul, qui a été disciple de Rabbi Gamaliel et bénéficié d’une formation rabbinique poussée, était certainement familier de cette tradition. On ne sait pas exactement à quel texte il fait référence en écrivant à Timothée, mais il s’agit manifestement d’une source extérieure à la Bible hébraïque elle-même. Le fait qu’il n’hésite pas à faire référence à la tradition hébraïque dans ses Epîtres montre qu’il la reconnaissait comme une source théologique valide.

Laisser un commentaire