Christianisme et judaïsme

Juste de Tibériade : un autre historien juif, rival de Flavius Josèphe

Juste de Tibériade est un historien juif du 1er Siècle, qui a écrit un récit des guerres judéo-romaines. Son œuvre, citée par plusieurs auteurs chrétiens des premiers siècles, est perdue, certainement tombée dans l’oubli à cause de sa rivalité avec Flavius Josèphe, les Romains préférant la version de l’histoire de celui-ci, qui les met davantage en valeur.

Ruines du théâtre romain de Tibériade

On sait assez de choses sur la vie de Juste de Tibériade. En plus, tout ce qu’on sait est rapporté par son ennemi, Flavius Josèphe. Il est né vers 35, à Tibériade, en Galilée, une ville juive largement hellénisée. Son père, Pistos, était un notable de la ville. Il a participé à la première guerre judéo-romaine, au cours de laquelle sa rivalité avec Flavius Josèphe a commencé. Après la victoire romaine, il a cherché refuge à la cour du tétrarque Agrippa, dont il a été le secrétaire pendant un temps.

Il a écrit une Histoire de la guerre juive, publiée après la mort d’Agrippa (92/93). Cet ouvrage, perdu, était très critique envers la Guerre des juifs, de Flavius Josèphe, et du rôle de celui-ci dans la guerre. En réponse, Josèphe a écrit la Vie de Flavius Josèphe, un récit autobiographique dans lequel il donne sa version des faits, se défend et accuse à son tour son ennemi d’avoir été l’instigateur de la révolte contre les Romains. Tous les éléments sur la vie de Juste de Tibériade contenus dans ce livre sont à prendre avec des réserves, à cause du caractère polémique de l’ouvrage ; la seule chose certaine est qu’il était nettement plus hostile aux Romains que Flavius Josèphe. L’Histoire de la guerre juive aurait constitué une deuxième source directe sur les guerres judéo-romaines, à lire en parallèle avec l’œuvre de Flavius Josèphe, si elle n’avait pas été perdue. Elle est citée brièvement par l’historien de l’Eglise Eusèbe de Césarée.

Juste de Tibériade est l’auteur de deux autres ouvrages connus. Il y a d’abord un Commentaire des Ecritures, cité par le Père de l’Eglise Jérôme de Stridon (dans Des hommes illustres). Ensuite, il a écrit une Chronique des rois juifs, de Moïse à Agrippa II. Un épitomé (résumé) de ce dernier ouvrage a été conservé dans la Bibliothèque de Photios. Il était donc encore disponible au 9° Siècle, à l’époque de l’évêque Photios de Constantinople, qui a écrit ce résumé. Photios regrette que Juste de Tibériade n’ait pas mentionné Jésus de Nazareth. A cette époque, pour un historien juif, un prédicateur itinérant n’était cependant de toute évidence pas assez important pour être mentionné dans une chronique des rois du peuple juif.

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