Légende chrétienne antique

Quelles sont les origines de la date de Noël ?

Les Evangiles ne mentionnent pas le jour de la naissance de Jésus. En tout cas, il n’est probablement pas né un 25 décembre : l’hiver palestinien aurait été trop froid pour permettre aux bergers de passer la nuit dans les champs avec leurs troupeaux. Pourquoi donc l’Eglise chrétienne a-t-elle décidé de fêter la naissance de Jésus à cette date ? Est-ce une date purement symbolique, ou bien ceux qui l’ont choisie croyaient-ils que Jésus était vraiment né ce jour-là ?

Les origines

D’abord, il faut préciser que la question de la date de naissance de Jésus n’avait pas une grande importance pour les auteurs chrétiens des premiers siècles. Le Père de l’Eglise Clément d’Alexandrie rapporte que certains chrétiens, à Alexandrie, la célèbrent le 25 du mois de Pachon du calendrier nilotique (qui correspond au 20 mai), ou encore le 25 Pharmouti (20 avril). Une autre tradition de la même époque parle du 2 avril. Lui-même se base sur les prophéties dans les derniers chapitres du livre de Daniel, pour proposer la date du 17 novembre de l’an -3.

Plus récemment, certains ont essayé de calculer la date de la naissance de Jean-Baptiste, six mois avant celle de Jésus, à partir du moment où la classe de prêtres dont Zacharie, le père de Jean-Baptiste, faisait partie, officiait au Temple. Avec cette méthode, Jésus est probablement né en avril-mai, sans qu’on ne puisse déterminer de date plus précise, à cause de trop d’éléments inconnus à l’heure actuelle.

La première source à mentionner le 25 décembre est le Commentaire de Daniel, d’Hippolyte de Rome, écrit vers 204. Cette date a ensuite été officiellement adoptée par l’Eglise de Rome vers 330, puis s’est étendue progressivement aux autres Eglises, à une époque où les chrétiens, nouvellement dominants dans l’Empire, étaient avides de christianiser le temps et l’espace.

Une date hautement symbolique

La période de fin décembre est marquée par un phénomène astronomique : le solstice d’hiver. Les solstices sont les moments où la terre, en tournant autour du soleil, atteint son point extrême, au Nord (solstice d’hiver) et au Sud (solstice d’été). Le solstice d’hiver (21 décembre) est le jour le plus court, suivi de la nuit la plus longue de l’année, tandis que le solstice d’été (21 juin) est le jour le plus long, suivi de la nuit la plus courte. Après le solstice d’hiver, la durée des jours recommence à augmenter. Pour les chrétiens des premiers siècles, le solstice d’hiver était l’image idéale de la venue dans le monde de Jésus, « la lumière venue dans les ténèbres », « la véritable lumière, qui, étant venue dans le monde, éclaire tout homme » (Jean 1).

Une date supposément historique

Pour autant, les auteurs chrétiens du 4° Siècle semblent considérer, à tort ou à raison, le 25 décembre, non pas uniquement comme une date symbolique, mais comme la véritable date de naissance de Jésus. C’est particulièrement flagrant dans les Sermons de Jean Chrysostome.

A cette époque, l’incarnation de Christ est considérée comme plus importante que sa naissance. La fête de l’Incarnation est célébrée le 25 mars. La fête de sa naissance a peut-être été déduite par inférence, neuf mois après son incarnation.

Une autre hypothèse est que le 25 décembre a été choisi pour que sa circoncision, à l’âge de 8 jours, corresponde au 1er janvier, premier jour de la nouvelle ère chrétienne.

Une date reprise d’une fête païenne ?

Il est possible aussi que la date du 25 décembre ait été reprise d’une fête païenne, elle-même liée au solstice d’hiver.

La fête la plus souvent évoquée est celle de Sol Invictus, qui était également célébrée le 25 décembre. On pense généralement que l’auteur de ce changement est l’Empereur Constantin, dont le père était un adepte du culte de Sol Invictus. Cependant, l’Eglise de Constantinople, la nouvelle capitale qu’il a construite, n’a adopté la date du 25 décembre que 40 ans après celle de Rome, alors que Constantin était déjà mort. Il est donc peu probable que l’influence de l’Empereur ait été déterminante.

Hanoukka

Enfin, une autre possibilité moins connue est celle de la fête juive de Hanoukka, ou Fête des Lumières. Inspirée du solstice d’hiver, elle est célébrée pendant une semaine, à partir du 25° jour du mois hébraïque de kisleu. Elle commémore la dédicace du 2° Temple de Jérusalem, après la victoire des Maccabées contre l’Empire séleucide. Pendant cette fête, les familles juives allument un chandelier de 9 bougies, qui brûlent toute la nuit.

Conclusion

Pour conclure, citons Augustin d’Hippone, qui, dans un de ses serments, explique très bien le sens symbolique de Noël : « Et parce que cette infidélité même qui couvrait le monde entier d’une nuit toujours renouvelée, devait diminuer avec l’accroissement de la foi, pour cette raison, au jour de la Naissance du Sauveur, la nuit a commencé à reculer sous l’assaut, et le jour à croître. Considérons donc, mes frères, ce jour, comme un jour consacré : non pas comme feraient les infidèles, en raison de la position du soleil, mais à cause de Celui qui a fait le soleil. Car Celui qui était le Verbe est devenu chair, afin de vivre, à cause de nous, sous le soleil. Selon la chair, en effet, Il vivait sous le soleil, mais par sa Majesté, Il est au-dessus de l’univers dans lequel Il a formé le soleil. En fait, même par la chair, Il était au-dessus de ce soleil qu’adorent à la place de Dieu ceux dont l’esprit aveuglé ne voit pas le vrai Soleil de justice. »[1]

Notes :

[1]Augustin, Sermon 191

Laisser un commentaire